samedi 5 janvier 2008

Celui qui avait perdu sa raison d'être
























Un jour, un banal lampadaire
Comme il en existe des milliers,
Trônait dans un décor si austère,
Que personne ne le remarquait.

Il était là pour éclairer,
Lorsque le temps était bien gris,
Lorsque la nuit était tombée,
Une pauvre route sans vie.

Du haut du pont où il était,
Regardant sans cesse le vide,
Il semblait vouloir se passer
De cette vie morne et livide.

Une seule chose comptait à ses yeux :
Une ampoule, dont il s'occupait.
C'était sa lumière, son ciel bleu,
Sa raison de rester à quai.

Mais vint un jour de mauvais temps
Un de trop dans ce rude hiver ;
Il lâcha prise, certes, pas longtemps...
Mais assez pour perdre sa lumière.

L'ampoule durant sa chute,
Brilla encore un bref instant.
Puis au sol disparut sans lutte,
Au gré des bourrasques de vent.

Vivre seul devint sa hantise !
Il commençait à s'incliner.
Mais quelle ne fut pas sa surprise,
En voyant un homme arriver !

L'homme monta jusqu'à sa cime,
Lui confia une nouvelle amie,
Lui fit oublier sa déprime,
Puis rentra fièrement chez lui.

Le lampadaire repris confiance.
Il comprit qu'on le regardait,
Qu'on comptait sur sa présence,
Et que sur lui, quelqu'un veillait.

Il se remit à serrer fort,
Plus fort que jamais ce trésor.

Et se remit à éclairer,
Lorsque le temps était bien gris,
Lorsque la nuit était tombée,
La belle route qui fut ravie.

Moralité de cette histoire :

Il ne faut jamais oublier
Et encore moins laisser tomber
Ce pour quoi on est destiné.

Car en pleine déchéance,
On a rarement une deuxième chance,
De retrouver sa clairvoyance.

Celui qui avait perdu sa raison d'être - (c) X. D'ABRIGEON

Quelques photos